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La Macronie (mini pièce de théâtre) : Acte I, Scène XI

Cette pièce de théâtre aborde des sujets sociétaux (tel que le racisme dans la police) en des termes durs et francs qui risquent de heurter la sensibilité des plus vulnérables (il n'y absolument rien de péjoratif, chacun a son baromètre émotionnel et se doit d'être à l'écoute de ses besoins). Donc je vous invite à abréger votre lecture si vous sentez qu'elle risque de vous impacter négativement.



ACTE I



SCÈNE XI

Idris, Florian, Thomas


Le physio d'une boîte de nuit est témoin d'une scène de vol de téléphones. Après plus d'une heure d'attente des forces de l'ordre sur les lieux du délit, Idris est emmené au poste pour que les policiers prennent sa déposition.



FLORIAN

Il s'assied à son bureau.

Asseyez-vous s'il vous plaît et sortez votre pièce d'identité.


IDRISS

Il s'exécute avec le sourire.

Aucun problème. La voici.


FLORIAN

Il observe la carte d'identité de son interlocuteur avec mépris. Puis tape sur son clavier avant de l'interroger.

Bon je vous écoute, vous pouvez me rappeler les faits.


IDRIS

Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, mes collègues et moi étions en train de faire sortir les gens de la boîte lorsque deux hommes s'en sont pris à un groupe de trois femmes. Nous étions surchargés, donc nous nous sommes aperçus du problème seulement lorsqu'ils avaient déjà pris la fuite. Les trois jeunes femmes étaient en état de choc, l'une d'entre elle a manqué de se prendre un coup de couteau parce qu'elle refusait de donner son téléphone aux ravisseurs. Je suis resté avec elle environ une heure jusqu'à votre arrivée et mes collègues et moi avons tout fait pour les apaiser.


FLORIAN

Il continue de taper sur son clavier.

Mmh. Et ils étaient de quelle origine vos ravisseurs ?


IDRIS

Je n'en sais rien. J'ai à peine eu le temps de les voir partir, donc je n'en sais rien, je ne leur ai pas demandé leur carte d'identité.


FLORIAN

Dans sa barbe.

Ils devaient probablement pas en avoir.

Il souffle.

À votre avis, c'était plutôt des noirs ou des arabes ?


IDRIS

Choqué.

Je vous demande pardon.


FLORIAN

Exaspéré.

Qu’est-ce-qui vous arrive tout d’un coup, vous êtes bouché ?


IDRIS

Outré.

Absolument pas, je voulais simplement vous laisser la chance de corriger vos propos, mais tout a l’air de vous sembler normal. Vous savez qu’il existe des voleurs dans toutes les catégories de population. Albert Spaggiari ça vous dit quelque chose ? Il n’avait pas la tête de l’emploi et pourtant il a réalisé le « casse du siècle » à la fin des années 80. Vos propos sont très limites.



FLORIAN

Il s’énerve.

Oh ça va, ne faites pas l’offusqué et ne me faites pas pas dire ce que je n’ai pas dit. C’est juste qu’on les connaît à force.


IDRIS

Il ignore ses précédentes frasques.

Je vous l’ai dit, je n’ai pas eu le temps de les voir, donc je ne peux rien affirmer.


FLORIAN

Agacé.

Très bien, vous n’avez rien de plus à ajouter ?

Il lui tend la déposition avant même d’avoir obtenu sa réponse.

Super, vous lisez ça et vous signez.


IDRIS

Il lit le document entièrement, mais ne signe pas.

Il y a plusieurs erreurs. Déjà mon prénom ne s’écrit pas comme vous l’avez écrit, vous m’avez demandé ma carte d’identité donc j’aurais espéré que vous n’auriez pas fait de faute avec le modèle devant les yeux. D’autre part, vous êtes arrivés après une heure et pas au bout de vingt minutes comme vous l’avez précisé ici. Et enfin, je vous ai bien spécifié que je n’avais identifié aucune origine pour les ravisseurs, donc pourquoi dites-vous qu’ils étaient de type maghrébins ?


FLORIAN

D'un ton désobligeant.

Bon Mamadou, tu vas pas m'emmerder, tu signes et tu dégages.


IDRIS

Il se lève de sa chaise.

Je veux parler à votre supérieur.


FLORIAN

Avec dédain.

Il n’est pas là.


IDRIS

Il sort dans le couloir et s’adresse à un second policier.

Où puis-je trouver l’un de vos supérieurs s’il vous plait ?


THOMAS

D'un ton désobligeant.

Il est en pause déjeuner, que se passe-t-il ? Est-ce-que je peux vous aider ?


IDRIS

Il se dirige de nouveau dans le bureau du policier qui a prit sa déposition pour récupérer ses affaires.

Non ça ira, je vais l’attendre je vous remercie.


THOMAS

Il le suit.

Qu’est-ce qui se passe Flo ? Qu’est-ce que t’as encore foutu..


IDRIS

Il s’adresse à Thomas.

Votre collègue tient des propos racistes depuis le début de mon audition. J’avais prévu de passer outre, mais il a dépassé les bornes lorsqu’il m’a appelé Mamadou. Tous les noirs de France et de Navarre ne se nomment pas Mamadou, sinon ça se saurait. C’est extrêmement déplacé, d’autant plus que j’étais entendu en tant que témoin, donc cela justifie encore moins de subir un tel manque de respect.


THOMAS

Il est terriblement gêné.

Excusez-le, il a été maladroit, ce n’est pas du tout ce qu’il voulait dire. Il a dû s’emmêler les pinceaux avec une autre affaire…


IDRIS

Il rit jaune.

S’il vous plait, soyons sérieux deux minutes, s’il n’y avait eu que ça, j’aurais pu vous croire, même si ça m’étonnerait. Mais il y a également le fait que votre collègue a changé mes déclarations dans la déposition. Vous êtes censés garantir la paix, l’ordre et la sécurité, mais je ne suis jamais aussi peu à l’aise qu’en votre présence. Je reviendrais, faites-moi confiance et votre comportement sera portée au plus haut rang de votre profession.


FLORIAN

Il s’emporte.

Tu la fermes ou je te sanctionne pour outrage à agent.


THOMAS

Il lui coupe la parole.

Ferme-la mec, t’en as assez fait.


IDRIS

Il s’en va en rigolant.

Bonne journée messieurs.







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