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La Macronie (mini pièce de théâtre) : Acte I, Scène VI

Cette pièce de théâtre aborde des sujets sociétaux (tel que le harcèlement scolaire) en des termes durs et francs qui risquent de heurter la sensibilité des plus vulnérables (il n'y absolument rien de péjoratif, chacun a son baromètre émotionnel et se doit d'être à l'écoute de ses besoins). Donc je vous invite à abréger votre lecture si vous sentez qu'elle risque de vous impacter négativement. .



ACTE I



SCÈNE VI

Medina, Tracy, Caroline, Kimberley, Nathalie, Alice


La rentrée des classes a eu lieu il y a moins de trois semaines et deux mères de famille attendent leur enfant à la sortie de l'école quand l'une d'entre elle fait une remarque déplacée.



CAROLINE

Elle pointe discrètement un jeune homme du doigt.

Oh mais regarde le celui-là, il n'a pas encore dix ans qu'il ressemble déjà aux gosses obèses qu'on voit dans les émissions aux États-Unis.

Elle se met à rire.


NATHALIE

Gênée.

Caro, ce n'est pas sympa de dire une chose pareille. Peut-être que cet enfant a des problèmes de santé et qu'il n'est pas possible pour lui de perdre du poids. Et de toute façon peu importe, nous sommes tous différents et personne ne devrait être pointé du doigt pour c'la, pas même un enfant en surpoids.


CAROLINE

Elle rit.

Oh ça va je plaisantais, inutile de tout prendre au premier degré. Tiens regarde là celle-là.

Elle indique de la tête une petite fille.

Elle ressemble à Ugly Betty version élève de primaire, la pauvre, avec des lunettes aussi horribles et une telle dentition, elle ne parviendra jamais à se faire aimer.



NATHALIE

Tu es vraiment mauvaise parfois, j'espère vraiment que tu ne tiens pas de tel propos devant ta fille parce que c'est comme ça qu'après les enfants deviennent méchants entre eux et pensent qu'il est normal d'harceler leurs camarades.


CAROLINE

Elle lui lance un regard mauvais.

Ma Kimberley est la même que moi, mais en mieux, elle est parfaite, donc je vois difficilement ce qu'on pourrait lui dire de négatif. Et puis souffle un peu, ça fait à peine trois semaines que les petits ont repris l'école, que voudrais-tu qu'il leur arrive ?


NATHALIE

Alors je ne veux pas faire ma rabat-joie, mais beaucoup de jeunes enfants vivent très mal le harcèlement scolaire à tel point qu'ils décident de se donner la mort. Tu as dû en entendre parler du petit Lucas qui s'est suicidé le 7 janvier notamment parce qu'il subissait des injures homophobes à répétition, il avait seulement 13 ans. Il y a eu aussi le petit Thibault qui s'est pendu le 29 avril alors qu'il était âgé seulement de 10 ans. Tu te rends compte, il était en CM2, à peine plus âgé qu'Alice. Il y a aussi la petite Lindsay qui se faisait harceler depuis plusieurs années. Elle a décidé d'en finir le 12 mai dernier. Et encore aujourd'hui, cela ne s'arrête pas, Nicolas, un jeune lycéen de 15 ans s'est suicidé le lendemain de la rentrée des classes alors même que ses parents avaient écrit au proviseur de l'établissement. Ils n'ont pas été pris au sérieux et j'ai vu hier que le rectorat avait écrit une lettre odieuse et complètement irrespectueuse à ses parents en les menaçant et en leur demandant d'adopter une « attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et plus largement tout le personnel de l'Education nationale ».


CAROLINE

Elle souffle.

T'as fini de nous faire l'Encyclopédie là, je n'ai rien à voir là dedans, ils ne se sont pas tués par ma faute tous ces gosses à ce que je sache. Donc arrête de m'emmerder.

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