Cette pièce de théâtre aborde des sujets sociétaux (telle que la précarité chez les jeunes) en des termes durs et francs qui risquent de heurter la sensibilité des plus vulnérables (il n'y absolument rien de péjoratif, chacun a son baromètre émotionnel et se doit d'être à l'écoute de ses besoins). Donc je vous invite à abréger votre lecture si vous sentez qu'elle risque de vous impacter négativement.
ACTE I
SCÈNE III
Léane, Corentin
Alors que les rues de Paris sont peuplées par l'envie de profiter du beau temps, deux jeunes adultes débattent de la précarité en France. L'une a les yeux tournés vers les réalités du pays, tandis que le second semble mener son existence en total déconnexion avec le monde réel.
CORENTIN
Il shoote par inadvertance dans un gobelet posé au sol.
Oh mais c'est pas possible, qu'est-ce que vous foutez en plein milieu de la rue ? Et puis cette odeur, c'est vraiment infect, vivement les JO pour que vous débarrassiez le plancher de la capitale.
LÉANE
Elle s'indigne.
Mais ça va pas de lui parler comme ça, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? Ce monsieur fait son possible pour survivre, alors tâchez de faire preuve d'un peu de respect et ramassez immédiatement ce que vous venez de faire tomber !
Elle l'observe les bras croisés.
CORENTIN
Il manquerait plus que ça, je ne suis pas un larbin et puis ce type dort déjà dans la rue, donc il n'est plus à ça près. Regardez-le, il n'est même pas en état de formuler un mot.
Il rit de la situation.
LÉANE
Elle se penche vers le monsieur à la rue pour l'aider à ramasser son pécule.
Je suis vraiment désolée monsieur pour les propos qu'il vient de tenir. Puis-je vous offrir un déjeuner pour vous faire oublier cette mésaventure ?
Elle sourit à son interlocuteur qui le gratifie d'un « non merci » dans la langue des signes avant de se relever.
Vous êtes encore là vous ?
CORENTIN
Vous n'aurez jamais dû toucher cet argent, vous allez surement contracter une maladie sous peu. Les clodos sont remplis de…
LÉANE
Elle l'interrompt avec calme mais fermeté.
Alors de deux choses l'une, tâchez de faire preuve d'un peu de respect, il y a bien longtemps qu'on ne surnomme plus les gens « clodo » et vous devriez faire attention car personne n'est à l'abri de finir à la rue. La vie est faite d'imprévus vous savez, alors j'espère pour vous que vous n'aurez jamais à faire face à un désagrément de cette envergure.